Quel avenir pour la production laitière à horizon 2035 ?

INNOVAL publie un livre intitulé « Anticipons l’élevage de demain » avec en son cœur une enquête à laquelle plus de 1 000 éleveurs ont répondu.

Il rassemble également les témoignages d’éleveuses et d’éleveurs et de salariés INNOVAL qui accompagnent les éleveurs : consultante zootechnique, pédicure bovin, secrétaire d’élevage, inséminateur, responsable de taurellerie…

« Nous avions envie de donner la parole à celles et ceux qui font l’élevage aujourd’hui », explique Patrice Guiguian, président d’INNOVAL. « Nous voulions aussi nous tourner vers demain pour orienter nos décisions dans un monde qui bouge beaucoup et très vite : baisse du nombre d’exploitations et des cheptels, changement climatique important, attentes sociétales fortes qu’il faut honorer... ».

C’est pourquoi la coopérative a sollicité le politologue Jérôme Fourquet, le sociologue François Purseigle et l’économiste Olivier Mevel pour recueillir leurs analyses.

 

Des éleveurs optimistes

Le sondage révèle que 60% des éleveurs sont optimistes sur l’avenir de leur métier, les 18-29 ans (87%) en tête !

Les éleveurs sont à la recherche d’un meilleur équilibre vie professionnelle - vie personnelle. Ils souhaitent rendre le métier moins physique, se dégager du temps pour eux et alléger la charge mentale.

A l’avenir, les éleveurs vont chercher à développer des exploitations résilientes facilement transmissibles et pilotables pour sécuriser leur revenu.

 

Une production du lait qui diminue mais une demande mondiale qui augmente

Cette enquête s’inscrit dans un contexte de baisse du nombre d’exploitations et de la production (- 20 % prévu à horizon 2035 et même – 30 % dans le Grand Ouest) avec l’enjeu du renouvellement des générations en toile de fond.

La demande mondiale de lait, elle, continue de croître.

Olivier Mevel regrette un « manque de créativité de la part des industriels pour que notre pays gagne en compétitivité ». Il faut reconstruire l’offre produit pour reconnecter le consommateur avec son territoire : « Le local a supplanté la bio ».

Les éleveurs devraient avoir leur part dans des négociations tripartites avec les industriels et les grandes surfaces. Pour cela Olivier Mevel invite à se rassembler en organisations de producteurs pour devenir acteurs et « ne plus être le seul segment de la filière qui ne sait pas ce qu’il va gagner ».

De l’enquête INNOVAL, Jérôme Fourquet souligne la lucidité et le pragmatisme des éleveurs qui travaillent sur l’autonomie de leurs exploitations afin d’anticiper les chocs potentiels du marché.

François Purseigle rappelle les mutations en cours dans le secteur agricole : nouveaux profils d’éleveurs, nouvelles entreprises agricoles, installations hors cadre familial, nouveaux collectifs… La profession est en mutation. Reste à l’accompagner souligne le sociologue.